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Celui ou celle, qui comme moi, a vu Reza YAHYAEI choisir dans son atelier Florentin, les œuvres susceptibles

de créer au mieux une atmosphère de pause temporelle, perçoit sans équivoque qu’au-delà de cette volonté de

transmettre l’émotion soutenue d’un temps enfoui, il existe chez ce peintre des motivations et des aspirations
plus profondes qui demandent à être entendues.
Ainsi bien plus qu’un magnifique support coloré du rêve et de la méditation, son œuvre nous offre des modèles
de transformation symbolique du monde où il cristallise ses souvenirs culturels.
Ce n’est pas un hasard s’il glorifie sans cesse l’image de la femme, son corps et son esprit avec tout ce qu’ils
contiennent de signification, d’exaltation et de magnificence. Sacralisant un type de femme ancestral, celui de la
« Déesse-Mère », source de la continuité et de la multiplication, Idole aux attributs qu’il amplifie
généreusement, ses figures monumentales évoluent dans un espace absolu peuplé de Cubes, emblèmes de
l’Éternité en raison de leur caractère stable. Mais au-delà du chœur des femmes qui s’élève dans cette
multiplicité géométrique, on assiste à l’accouplement de la totalité terrestre symbolisée par la solide assiette du
Cube, et de la sphère céleste évoquée par les onduleux contours des formes féminines.
Une interprétation plus subtile encore permet de considérer que la clef de son iconographie se trouve dans la
conformation même des corps. Dépassant les barrières anecdotiques du réalisme, il invente un être universel où
le principe masculin et le principe féminin s’unissent dans une parfaite harmonie. Principe masculin que l’on
rencontre autant dans les visages masqués d’un triangle pointé vers le ciel que dans les proportions dilatées des
épaules et amplifiées des extrémités. Le principe féminin est quant à lui, synthétisé par la plénitude des ventres,
la formation callipyge des sujets et l’apport plastique du ruban soulignant et protégeant leur fonction maternelle.
A l’ambiguïté troublante de sa thématique et à ce mélange de géométrie et de tendresse, s’ajoute une grande
virtuosité technique. Ces essaims cosmiques d’êtres humains détachés des contingences terrestres semblent
générer leur propre lumière. Illuminant les courbes et les angles d’une aura phosphorescente et optimisant les
volumes par le biais d’une manière lisse comme un miroir poli, Reza YAHYAEI, allie la science de l’espace à
celle des couleurs.
Dans l’homogénéité altière de cet art, il ne reste plus à l’amateur qu’à laisser son esprit flotter ou voler au gré de
ses espaces silencieux, finis et infinis, crées et incréés, éphémères et éternels.